Les légendes
Vie culturelle
Connaissez-vous les légendes de Caplan?
La jeune fille abandonnée
« Dans les environs de Caplan, il ne manque pas de gens qui prétendent entendre, au milieu des hurlements d’une tempête, les appels de Marguerite, une jeune fille de race noble abandonnée avec son amant sur une île déserte, aux premiers jours de la colonie. Passagère sur un bateau qui amenait des colons au pays, elle avait accepté l’amour d’un jeune homme obscur, malgré les remontrances de son oncle le capitaine, homme austère et intransigeant sur le point d’honneur. Celui-ci débarqua les deux coupables sur une île et continua son voyage. Désespérant d’être jamais sauvé, le jeune homme tenta de gagner la côte lointaine pour y chercher du secours; il se fit un radeau grossier de pièces de bois flottant autour de l’île et s’embarqua. Il ne revint pas. Marguerite, devenue folle, fut recueillie par des pêcheurs que le hasard avait amenés près de l’île, mais elle mourut sur leur bateau et fut ensevelie dans la mer. Ce sont ses cris et ses appels qui, lorsqu’il fait grand vent, troublent l’écho des falaises de Caplan ». (Extrait de La Gaspésie : histoire, légendes, ressources, beautés, 1933).
Voici une autre version de ce conte. « St-Charles de Caplan est le théâtre d’une vieille légende. C’était une jeune fille noble qui s’en venait de France sur un vaisseau commandé par son oncle. Or, pendant le voyage elle s’éprend d’un jeune homme de naissance obscure. Le capitaine, oncle intransigeant, se fâche, menace et puis punit. Il débarque les deux coupables sur un îlot et il continue sa marche. Les malheureux amants pleurent leur sort cruel. Enfin, l’homme reprend courage, se construit un grossier radeau et s’embarque, mais il ne revient pas. Alors Marguerite, comme autrefois Didon après le départ d’Énée s’agite et crie devant les flots. Des pêcheurs entendent ses appels et viennent à son secours. Il est trop tard, l’enfant est devenue folle et d’atteindre la rive. La mer fut son tombeau. Hélas! A-t-elle pu rejoindre son amant? Pourquoi le soir vient-elle encore gémir et pleurer sur la crête des vagues plaintives? » (La Gaspésie, la Suisse canadienne, 1938)
Et encore: « Lorsque le vent hurle à travers les profondeurs des ravins et des gorges séparant les falaises du cap de Caplan, les pêcheurs prétendent qu’ils entendent encore les cris et les plaintes de Marguerite, une jeune fille de race noble, qui fut abandonnée sur une île déserte, à peu de distance du rivage, en 1542. La jeune femme était passagère sur un vaisseau qui amenait de France des colons pour la terre nouvellement découverte. Elle était la nièce du capitaine, un homme de discipline austère et de principes rigides. Le voyage, long et ennuyeux, donnait aux passagers tout le temps voulu pour faire connaissance entre eux.
Au cours de la traversée, Marguerite s’éprit d’un jeune Normand, nommé Galliard. Homme du peuple, Galliard ne pouvait être bien vu du capitaine du vaisseau, qui fut scandalisé et indigné de la conduite de sa nièce, à qui il adressa d’amers reproches. Voyant qu’elle refusait d’écouter ses avis, il entra dans une grande colère. Dirigeant alors son navire vers la terre, il s’arrêta près d’un îlet rocheux et y débarqua Marguerite et son amant, puis mit à la voile pour s’en éloigner à jamais. Lorsque le vaisseau fut disparu, le jeune homme, désespérant d’être secouru, fit un radeau des morceaux de bois qui flottaient près du rivage, s’y attacha et essaya de gagner la rive sauvage qu’il apercevait dans le lointain. Il n’en revint jamais.
Marguerite demeura sur son rocher désert jusqu’à ce que ses cris eussent attiré des pêcheurs qui la ramenèrent avec son bébé. Mais sa raison avait sombré dans cette terrible épreuve, et elle mourut , ainsi que son bébé, avant d’atteindre la côte. Leurs corps furent jetés à la mer, mais son âme dut retourner à l’île pour y retrouver celle de son amant perdu, puisque de nos jours encore, si l’on en croit la légende que racontent les pêcheurs de Saint-Charles-de-Caplan, ses plaintes et ses cris sont apportés par la brise qui souffle de ce récif inhabité. Quelques vieillards ajoutent que l’ombre de Marguerite flotte parfois sur le sommet des vagues, sous les pâles rayons de la lune. » (autre version figurant dans La Gaspésie : histoire, légendes, ressources, beautés)
Un enfant volé par les Bohémiens?
Un enfant bohémien aurait, selon Pauline Gallagher, été élevé par une famille de Caplan. Il y aurait eu un livre d’écrit à ce sujet, selon Josette Gélinas. Voici l’histoire narrée par Pauline Gallagher sur le groupe Caplan :
« Remontons dans les années 1920 environ, pour se situer, c’était du côté du N. B. si je me souviens bien, c’était à Eel River, une grand-maman gardait son petit-fils, elle était allée dans le jardin et elle avait mis le carrosse au bord du jardin, et le temps de cueillir des légumes, à son retour l’enfant avait disparu.
Dans ces années, les gens craignaient beaucoup les Bohémiens, qui se promenaient de village en village, en charrette, et volaient partout.
Aucune nouvelle de l’enfant, une douzaine d’années plus tard, à New Richmond, un bateau anglais accosta au quai. Un monsieur de Caplan, Bernard Joncas de Rivière Caplan, vit un jeune enfant à bord du bateau, il s’approcha du capitaine et lui demanda s’il pouvait amener l’enfant chez lui pour la fin de semaine. Le capitaine dit oui!
L’enfant ne parlait pas français, on l’accueillit bien, manger, vêtements, que le lundi il ne voulait plus remonter sur le bateau!
La famille décida de la garder tout le temps, le capitaine accepta.
On l’envoya un peu à l’école, il grandit, devenu un homme, et c’est durant ce temps qu’il allait jouer aux cartes chez mon père Johnny Gallagher, parce que notre famille était anglaise, et il pouvait parler à sa guise. Mais il était renfermé, peu bavard.
Le plus beau de l’histoire s’en vient. Et aussi j’ai oublié de dire son nom, il s’appelait Willie Hatkins.
Je ne peux pas donner de date, mais je continue. Voilà qu’à Bonaventure, St-Elzéar, une équipe de Baseball se rendait du côté de Eel River pour une joute, avec le curé de Bonaventure, les gens des alentours se connaissaient tous, de Caplan à …. Il y avait des spectateurs à la joute, et le curé vit un homme qui le frappa, en revenant à Bonaventure, il se dit je veux en avoir le coeur net. Il vint chercher Wellie Hatkins et il l’amena à Eel River rencontra le monsieur en question, qui était un Arseneault de St-Elzéar, et là on découvrit officiellement que Wellie Hatkins était le petit enfant volé par les Bohémiens, le père et le fils se sont réunis pour finir leurs jours ensemble. »
Voici une autre version de la même histoire narrée par Louise Landry et trouvée dans des archives au Nouveau-Brunswick :
« Joseph Stanislaus Arsenault was born Oct. 11, 1901, the son of Pierre Arsenault and Héléne Bertin. of Bathurst, Gloucester County, New Brunswick. At the age of 23 months, he was kidnapped by gypsies and disappeared. In 1907, a young English-speaking boy, named Willie Hatkins, was found aboard a coastal lumber ship in Rivière Caplan, Gaspé. He had been adopted by Elie Joncas, a lumber inspector with the McLean Company. Willie Hatkins stayed with the Joncas family for 12 years before travelling to Nova Scotia, and later on, to Western Canada and the United States. In 1925, Willie Hatkins was hired by the Bonaventure and Gaspé Telephone Company, where he stayed until 1929. After the death of his adoptive father, Willie Hatkins, now 30 years old, took up homesteading at St. Elzéar, some 20 miles distant. In 1933, several of Willie Hatkins’ friends crossed the Baie de Chaleurs to play ball in Petit Rocher. There, a chance encounter with Pierre Arsenault, a man who strongly resembled Willie Hatkins, led to a series of events resulting in Willie Hatkins (a.k.a. Joseph Stan Arsenault) being reunited with his father, Pierre Arsenault. »