L'agriculture
Industries et commerces
L’agriculture a représenté un moteur économique important pour Caplan. À travers le temps, le village a développé moult institutions plutôt inédites en Gaspésie: une ferme expérimentale, une école agricole, une moulange, et plusieurs coopératives!

Des citoyennes et citoyens devant la Ferme expérimentale en 1955. Source : Gilles Babin.

Caplan, village agricole
Bien que situé dans un haut-lieu de pêche, le village de Caplan hérite d’une tradition agricole plus proche de la population acadienne de Bonaventure que des pêcheurs de Paspébiac, par exemple. Ce fait n’est pas surprenant, puisque le village a été notamment fondé par des familles acadiennes provenant de Bonaventure.
Malgré une vocation agricole déjà assumée par les premiers citoyens de Caplan dans la première moitié du 19e siècle, les curés, ministres de la Colonisation et autres autorités veilleront étroitement à ce que la population s’investisse dans les activités agricoles. L’agriculture est ainsi vue comme un outil de colonisation, de sédentarisation et presque d’obédience.
Dans l’ouvrage La colonisation dans les comtés de Témiscouata, Rimouski, Matane, Bonaventure, Gaspé paru en 1899, on apprend que le ministre de la Colonisation est heureux de voir que les citoyen.ne.s de Caplan se redirigent vers l’agriculture. Il semble ainsi y avoir un tournant important à la fin du siècle: la population passe définitivement d’activités liées à la pêche à l’agriculture.
En 1888, dans son ouvrage La Gaspésie, l’auteur Auguste Béchard mentionne que Caplan « marche à grands pas dans la voie des défrichements et de la colonisation, et elle sera, avant longtemps, à la tête de ses aînés, si rien ne vient entraver son essor ».
Au grand plaisir d’Arthur Buies, qui silllonne la Baie-des-Chaleurs en 1898, le comté de Bonaventure « a presque entièrement abandonné la pêche, et c’est un spectacle bien attrayant et bien inattendu pour le voyageur que cette série de cultures florissantes qui s’étalent dans les paroisses de Carleton, de Maria, de New Richmond, de Caplan, de New Carlisle et de Port-Daniel ».
Ainsi, en 1930, les métiers dominants de Caplan sont surtout ceux de cultivateurs et d’éleveurs de troupeaux laitiers, selon La Gaspésie—Histoire, légendes, ressources, beautés. À ce moment émergent aussi des coopératives, qui font naître des beurreries, une meunerie, et plusieurs autres institutions agricoles sur le territoire. En 1931, il y a 217 fermes et 18 026 acres en culture, selon l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles de 1937. Le nombre de fermes ne change pas tellement entre 1931 et 1937. Sur un plan commercial, l’éloignement des marchés, le lent développement agricole, la consommation des céréales par les animaux sont quelques facteurs nuisant à l’exportation massive de denrées vers d’autres endroits. En 1937, l’élevage est l’activité qui rapporte le plus d’argent aux citoyens de Caplan avec 275 $ par année. S’en suit l’exploitation forestière, qui fournit environ 90 $ par année, puis les cultures, qui fournissent 30 $ par année. Enfin, la pêche rapporte très peu; 5 $ seulement par année. Le citoyen de Caplan fait ainsi environ 400 $ par année en 1937 en diversifiant ses revenus, même s’il demeure fidèle à l’agriculture.

Les cultures
Dans les années 1930, on récolte surtout de l’avoine et du foin et un peu de pommes de terre. Presque pas de blé, malgré l’existence d’une moulange! Il n’existe pas non plus de production maraîchère organisée; plutôt des potagers de famille.

L’avoine
Dans un article de La terre de chez nous du 17 novembre 1954, on apprend que l’avoine pousse très bien à Caplan: la Ferme expérimentale en cultive d’ailleurs plus de 35 variétés, en plus de 25 variétés d’orge, 12 de blé et 14 de lin à filasse.

Le lin
On cultive aussi le lin, surtout à Bonaventure, Saint-Siméon et Caplan. Le lin était surtout utilisé pour la confection de vêtements. Quelques carderies étaient en opération, listées dans une autre page de ce site web (Laineries et linerie). En 1937, une trentaine de familles cultivent d’ailleurs le lin fibreux à Caplan dans les années 1930, dédié à la transformation en produits de toute sorte. La plupart de la production sert toutefois aux besoins de la famille. Plus tard, la culture sera intensifiée par l’arrivée d’une linerie, dont la production est surtout surbordonnées aux besoin de la Deuxième Guerre mondiale.

Léda St-Laurent de Saint-Alphonse-de-Caplan présente son jardin à une visiteuse, 1952. Source : BAnQ reproduit dans l’article « Cuisiner à la Gaspésienne » de Jean-Marie-Fallu. Léda Saint-Laurent, Anaclet Couture et leurs onze enfants ont tenu un potager, une érablière et on fait de l’élevage. En 1955, ils reçoivent une distinction provinciale, la médaille de bronze de l’Ordre du Mérite du Défricheur pour l’outillage et le potager
Les vergers
En 1926, dans l’ouvrage La Gaspésie : Ses ressources naturelles et son développement économique, on mentionne que Paspébiac, Bonaventure, New Richmond et Caplan ont des vergers de pommes. En 1937, selon l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles, il y a à Caplan une trentaine d’acres en verger : 800 pommiers, et 50 pruniers.

Récolte de pommes de terre chez Thomas Poirier et Catherine Robichaud vers 1954, au 317, boulevard Perron Est. Source : Johanne Babin.
La pomme de terre
La récolte de la pomme de terre est l’une des récoltes principales des villages de la MRC de Bonaventure.
Une coupure de presse de L’Action catholique datée du 20 avril 1928 mentionne qu’il y a eu une grande manifestation agricole à New Carlisle dans laquelle ont participé les curés des paroisses du comté (dont le curé F.-C. Najotte de Caplan), les maires des villages, ainsi que plusieurs agronomes de la région et producteurs de pommes de terre. Cette manifestation avait pour but de promouvoir l’amélioration de la culture de la pomme de terre dans les comtés de Bonaventure et de Gaspé. L’assemblée était présidée par le maire Joseph Ferlatte de Caplan.
La photo ci-haut représente une récolte de pomme de terre chez Catherine Robichaud et Thomas Poirier en septembre 1954. Par la suite, Fernand Poirier et Doria Arsenault ont habité cette maison pendant près de 60 ans, toujours présente aujourd’hui.

Sifroy Lepage dans son champ de tabac. Source : Gérard Lepage.
Le tabac
Bien qu’elle soit plutôt triviale, la culture du tabac était bel et bien pratiquée dans la Baie-des-Chaleurs. Le tabac était vendu en feuilles dans les magasins et utilisé à des fins domestiques.
Selon Gérard Lepage, l’une des fermes qui produisait du tabac était celle de Sifroy Lepage. À l’origine, cette ferme aurait été acquise d’une faillite par les LeBoutillier Brothers et revendue à Sifroy Lepage et son beau-père. Selon Gérard Lepage, « En 1862, Ubad Bourque et son nouveau gendre Sifroy Lepage, achetèrent cette ferme de 69 acres à crédit des frères Le Boutillier au montant de 13,80 $. Ils payaient 6 % par année sur une période de 12 ans. Dans le contrat notarié que je possède, Dominique Lepage, l’oncle de Sifroy, donna sa ferme en garantie sur ce prêt. ».
En 1904, Sifroy aurait donné sa terre à son fils Jean. En 1938, Jean la cède à son fils Ovide, qui la cultive avec ses fils. En 1950, Ovide cède la terre à son fils Eugène, qui en sera propriétaire jusque dans les années 1990 avant de la revendre à Doris Boissonneault.




Avis public dans La Gazette du Québec de la formation d'un cercle agricole.
Un cercle agricole
Dans la Gazette du Québec datée du 9 décembre 1899, on apprend la création du Cercle agricole de Saint-Charles de Caplan. De même, un cercle des Jeunes Éleveurs de Bovins a existé, à la fois pour Caplan et Saint-Alphonse. Dans l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles de 1937, il figure sous le nom de « Cercle des jeunes éleveurs », et comprend 15 membres.

Coupure de presse annonçant un cours d'aviculture à Caplan.
Cours d’aviculture
En 1947, le ministère de la Colonisation inaugure une politique avicole avec l’établissement d’un premier club avicole, celui de Saint-Charles de Caplan (tel que vu dans L’Action catholique du 19 mars 1949). Cette année-là, des cours d’aviculture sont offerts du 21 au 26 avril à Caplan. L’instructeur avicole de la région, Léonard Dion, les offre gratuitement. L’offre paraît dans le journal Le Soleil du 19 avril 1947.
Le but de cette politique est de créer de nouveaux éleveurs de volaille. Caplan fait partie des trois premiers cercles avicoles du Québec, avec Saint-Luc de Dorchester et Villeroy (L’Action catholique, 19 mars 1949).

Bâtiments de la Ferme de Caplan posés le 17 novembre 1954 dans l'ouvrage La terre de chez nous.
La Ferme expérimentale
En 1912, dans le Journal d’agriculture et d’horticulture du mois de juillet, on constate qu’il existe une station expérimentale d’arboriculture fruitière à Gravel, « entre les paroisses de Caplan et de Saint-Bonaventure », régie par un dénommé J.-F. Bujold. Une pépinière d’arbres fruitiers a été semée à cet endroit. Un véritable prélude à la Ferme expérimentale!
Selon Gérard Lepage, une première ferme expérimentale fut développée sur les terres de Pierre Babin en 1929, mais cette information demeure à être confirmée.
La Ferme d’expérimentation agricole de Caplan ouvre officiellement ses portes en 1948 procédant, selon le livre du Centenaire, d’un rachat des terres de Louis Cormier pour un total de 5 800 $. Le livre du Centenaire mentionne que sa superficie était de 107 acres, dont 80 en culture.
Ses principales activités se rapportent à l’industrie animale, l’aviculture, la culture des céréales, les plantes fourragères et l’agriculture. Le premier agronome en charge de la ferme est Gérard Provencher, agronome à la Ferme expérimentale de Normandin. Un article du Soleil du 6 octobre 1949 spécifie que la ferme est une sous-station de la Ferme expérimentale de La Pocatière, qui est elle-même sous la gouverne fédérale. Selon cet article, « Les principaux projets sont de trouver des méthodes d’amélioration de pâturages qui conviennent mieux à la région; des variétés de céréales mieux adaptées, des variétés de légumes, ainsi que des assolements. ».
La grange principale de la Ferme se construit entre 1948 et 1949. Plusieurs bâtiments comme un garage, une maison double, un poulailler, des silos, etc. se rajoutent au cours des années.
En 1952, Ludger Bellefeuille remplace Gérard Provencher comme agronome en charge de la Ferme. C’est également le moment où la station prend son indépendance de la station de la Pocatière (Bulletin des agriculteurs, juin 1952) et intègre le réseau des stations expérimentales du Canada. À ce moment, selon un article du Droit du 18 juillet 1852, il existe 6 fermes de ce genre au Québec: L’Assomption (spécialisée en tabac et en horticulture), Lennoxville, La Pocatière et Normandin (culture mixte), ainsi que les sous-stations de Sainte-Clothilde de Châteauguay et Caplan, spécialisées en l’étude des cultures sur terre noire et productions spéciales.
Une coupure de presse du journal La terre chez nous datée du 8 octobre 1952 décrit l’abondance des activités de la Ferme expérimentale, alors qu’elle reçoit la visite de membres de la Corporation des agronomes du Québec: « Les visiteurs ont porté une attention spéciale à un silo-tour rempli de foin vert, avec mélasse comme préservatif, et à de l’ensilage A. P. V. conservé dans un silo temporaire fait de clôture à neige, doublé d’un papier Rosca et renforci de broche no 9. Ils ont également été très intéressés à visiter des pacages où l’on compare différents mélanges d’herbes, incluant le trèfle Ladino et la luzerne, cultivés sur des sols fertilisés de divers mélanges d’engrais chimiques. Pacages à long terme et en rotation de 4 ans. Il y eut également visite des parcelles de céréales comprenant 17 variétés d’avoine, 19 d’orge, 12 de blé et 14 de lin à filasse, aux fins d’établir la rusticité et le rendement local de ces variétés. ». En 1954, elle possède 110 arpents, dont 92 arpents cultivables; elle a aussi un cheptel de 15 vaches de race Ayrshire (La terre de chez nous, 17 novembre 1954). Dans le journal La Feuille d’érable du 8 septembre 1955, on mentionne que la ferme possède deux silos: un silo horizontal et un silo-tour.
En 1956, de nouvelles catégories de tests sont effectuées à Caplan, dont des tests d’usage d’algues à titre de fumier (La Patrie, 27 mars 1956). Le varech et le goémon étaient épandus dans des champs en Gaspésie depuis fort longtemps, mais des tests sont officiellement réalisés afin de valider les vertus de cette algue dans les champs. Les tests concluent que l’usage du varech est aussi efficace que celui du fumier. L’année suivante, un article parait dans La Patrie du 31 mai proposant des observations sur la culture de la luzerne, en vantant les vertus nutritives pour le fourrage et la facilité de culture.
Dans les années 1950, le congrès annuel de l’UCC (l’Union des cultivateurs catholiques, aujourd’hui UPA) se déroule à Caplan.
De nombreuses personnes ont travaillé à la Ferme. Pauline Gallagher nomme certains employés : « M. Henri Robichaud comme contremaître et M. Armand Savoie comme animalier pour le troupeau Ayshire. Engagement par la suite de Gérard Poirier, François Ferlatte, Ludger Bourdages, Oscar Poirier, Michel Hughes et Robert Arsenault. Pour les constructions, Edmond Gagnon, Henri Babin, et les frères Bujold pour le peinturage (sic). ».
En 1958, selon le livre du Centenaire, 40 acres supplémentaires ont été acquis cette année-là.
Au tournant des années 1960, les choses changent. En 1961, le Rapport du Comité d’étude sur l’enseignement agricole et agronomique mentionne que la ferme de Caplan est en voie de liquidation. La nouvelle tombe dans l’édition du 12 octobre 1961 du Soleil : le gouvernement fédéral conservateur de Diefenbaker compte abandonner la ferme expérimentale de Caplan. En 1963, le ministre de l’Agriculture et de la Colonisation du Québec projette la construction d’une école d’agriculture et envisage un accès à la ferme. En 1969, le gouvernement fédéral abandonne officiellement sa sous-station de Caplan (Le Droit, 19 novembre 1969). La ferme, ses dépendances et ses 145 acres sont officiellement en vente en 1970, et l’avis paraît notamment dans Le Soleil (Saguenay-Lac-Saint-Jean) du 22 octobre 1970.
Heureusement, la fermeture de la Ferme est évitée de justesse, car elle est finalement vendue au gouvernement provincial pour 10 000 $. L’avis de vente parait dans la Gazette officielle du Québec du 9 octobre 1971. Entre temps, elle est gérée par le Centre de Recherches de Sainte-Foy (sic). En 1975, elle change de vocation et devient une ferme spécialisée dans la culture biologique, soit sans produits chimiques; un dénommé James McGinnis en assure la gestion. Un reportage intitulé « La culture biologique en Gaspésie » est diffusé dans une émission spéciale de Radio-Canada à l’émission Réseau-soleil cet été-là. La Ferme semble ensuite utilisée comme station forestière et de recherche.
Vers 1992, la Ferme est complètement abandonnée (Le Soleil, 15 décembre 1995). Puis, en 1995, la Ferme expérimentale et ses douze bâtiments sont vendus à Jocelyn Brière et Rose-Aline Landry, qui y aménagent le Gîte Auberge de la Ferme (Le Soleil, 15 décembre 1995). Plus tard, le bâtiment sera reconverti en appartements.
Madeleine Savoie raconte : « J’ai grandit à la ferme expérimentale jusqu’à 9 ans. Après cela, les gens qui y travaillaient ont été transférés, pour ceux qui le désiraient. Mon père, Armand Savoie, est allé travailler à la Caisse Populaire et nous sommes demeurés à Caplan. Cette fois-ci au village. De beaux souvenirs ! »
Quatre agronomes se sont succédés dans la gestion de la ferme:
AGRONOMES | ANNÉE |
Gérard Provencher | 1948-1952 |
Ludger Bellefleur | 1952-1955 |
Raymond Bernier | 1955-1967 |
Michel Hugues? | 1967-1970? (selon La terre de chez nous, 5 août 1970) |



























L’école d’agriculture
À l’amorce de l’année 1963, des membres de l’Union des cultivateurs catholiques réclament la construction d’une école d’agriculture dans le comté de Bonaventure par le biais d’un mémoire soumis au ministre de l’Agriculture et de la Colonisation. C’est bientôt chose faite en janvier 1963, alors que le gouvernement annonce en grande pompe la construction imminente d’une école d’agriculture, sans donner précisément de date ni d’endroit (Montréal-matin, 10 janvier 1963).
En septembre 1963, l’UCC revient à la charge pour une 10e fois et demande une école d’agriculture (ce qui semble urgent en raison de la fermeture, en 1961, de l’école agricole de Val d’Espoir, et que les étudiants sont forcés de suivre des cours dans la cave du cinéma paroissial de Grande-Rivière). (La Terre de chez nous, 25 septembre 1963 et 27 janvier 1965). Les cultivateurs souhaitent ainsi faire pression sur le gouvernement pour qu’il entame les travaux dès l’automne.
Le 15 avril 1964, le ministère réfléchit à un projet d’école agrisylvicole (L’Action catholique, 15 avril 1964). Un appel à soumissions est publié l’automne suivant, et c’est la firme Pelletier et Martin Ltée qui en obtient le contrat. Les travaux prévus devraient permettre l’ouverture de l’école pour 1965. Ils sont finalement entamés en janvier 1965.
Coup de théâtre en 1965! La Commission Parent, dont les conclusions recommandent que l’enseignement agricole soit intégré à celui des écoles secondaires polyvalentes, mène à un arrêt ministériel le 13 juillet 1965 décrétant le transfert de l’administration des 14 écoles agricoles au ministère de l’Éducation (Le Devoir, 14 juillet 1965). La toute nouvelle école de Caplan est également soumise à ce décret.
Quel en sera le futur? Dans L’Action catholique du 27 septembre 1965, on peut lire que le ministre de l’Agriculture et de la Colonisation a organisé, durant la période estivale, un cours d’enseignement ménager agricole auquel ont participé 33 étudiantes. Une fois l’école agricole terminée, ce cours sera susceptible d’y déménager. Il comprend une partie théorique et une partie pratique, ainsi que l’enseignement des matières suivantes: sociologie, éducation familiale, physiologie, biologie, économie rurale, syndicalisme, horticulture, français, arithmétique, puériculture, art culinaire, tissage, couture, et tricot.
L’école semble ouvrir en 1966, mais avec peu d’inscriptions; il faut envisager de nouveaux cours. En 1966, une annonce dans La Presse (28 mars 1966) dit que l’école d’agriculture sera utilisée pour une nouvelle expérience en matière d’enseignement aux adultes. D’autres articles signalent que l’école continuera à prodiguer des cours agricoles le temps que la polyvalente puisse offrir de tels cours. La formation professionnelle pour adultes et des cours de culture populaire se greffent ainsi à cet offre.
Les choses s’officialisent en 1966; l’école d’agriculture semble trouver sa vocation. Dans de nombreux journaux, des publicités paraissent pour présenter les nouveaux cours de foresterie donnés à l’école d’agriculture de Caplan par le ministère de l’Éducation. Cette année-là, on semble assister au déclin inévitable des écoles agricoles au Québec, alors que 6 écoles ferment (La voix de l’Est, 14 septembre 1966). Pourtant, des cours sont dispensés et des congrès s’organisent. « Selon le directeur de l’école, M. André Paradis, il ne s’agit plus comme autrefois, de former des agriculteurs selon la conception traditionnelle du terme. Il s’agit plutôt de préparer des ouvriers agricoles, c’est-à-dire des gens
qui travailleront sur des fermes regroupées, espèces de sociétés agricoles. Il s’agit, selon lui, de former dix seulement de ces spécialistes chaque année et ce
sera suffisant pour les besoins futurs, parce que la région de vient de moins en moins agricole. » (Le Soleil, 23 octobre 1967).
Enfin, en 1969, l’école agricole est intégrée à l’École régionale de la Baie-des-Chaleurs (Le progrès du Golfe, 31 octobre 1969). Toutes les autres écoles agricoles du Québec semblent avoir disparu entre 1970 et 1971. Le bâtiment semble être inutilisé à partir de cette année-là. En 1974, on envisage de déménager le centre administratif de la Commission scolaire Baie-des-Chaleurs, situé à Carleton, vers Caplan, décision décriée par plusieurs personnes (Le Soleil, 20 février 1974); le projet ne se concrétisera jamais. En 1975, le bâtiment devient le centre des fêtes du Centenaire (Le Soleil, 14 juillet 1975).
En 1977, le Ministère des Travaux Publics et de l’Approvisionnement fait un appel à soumissions pour « l’ancienne école d’agriculture » pour son réaménagement (La Presse, 16 août 1977). Dans un article du Soleil du 16 décembre 2001, on comprend que l’unité de gestion forestière Baie-des-Chaleurs occupe ensuite les locaux pendant de nombreuses années. En 1998, le bâtiment est laissé vacant; il est alors la propriété de Gérard Donaldson. Un groupe d’Américains intéressés à implanter un centre d’appels téléphoniques dans la Baie-des-Chaleurs considère même faire une offre sur le bâtiment!
En 2002, les rumeurs se concrétisent. La firme américaine ACI Telecentrics cherche un espace afin d’entreprendre ses contrats de sous-traitance en matière de finance, et envisage de poser ses pénates à Caplan. La création de 500 emplois est projetée (Le Soleil, 12 février 2002). La transaction s’officialise et des travaux sont réalisés, mais on apprend que le bâtiment est plutôt acheté par la municipalité de Caplan et loué à la firme (Le Soleil, 25 avril 2002). Cette belle aventure ne durera pas longtemps. Après avoir opéré pendant 3 ans, en 2005, ACI Telecentrics ferme ses centres d’appel de Sherbrooke et de Caplan (La Presse, 25 avril 2005). En 2006, la CSST implante son centre d’appels dans le même bâtiment, à présent vacant (Jobboom, date inconnue).
En 2007, le CSSS de la Baie-des-Chaleurs fait un appel à soumissions pour la construction d’un nouveau CLSC qui nécessitera la démolition de l’ancienne école d’agriculture (La revue de l’emploi – bulletin du marché de travail de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, 2007), signant la fin de cette école dont l’histoire aura été plus que bringuebalante!

L'école d'agriculture dans les années 1960. Source: Robert Pike.

Entrepôt de la Coopérative en 1947. Source : Omer Beaudoin, BAnQ.
La Société coopérative agricole de Saint-Charles-de-Caplan (1917-1973)
En 1917, une coopérative se forme sous l’initiative d’Ulric Dion: elle se nomme la « Société coopérative agricole de Saint-Charles-de-Caplan », chargée de « l’amélioration et le développement de l’agriculture ou de l’une ou de quelques-unes de ses branches, la fabrication du beurre ou du fromage, ou des deux, l’achat et la vente d’animaux, d’instruments d’agriculture, d’engrais commerciaux et d’autres objets utiles à la classe agricole, l’achat, la conservation, la transformation et la vente de produits agricoles. » (Gazette officielle du Québec, 14 juillet 1917).
En bref, cette coopérative est l’ancêtre de La Fraternité. Étrangement, on trouve un avis de liquidation de la Société coopérative agricole de Saint-Charles de Caplan en 1970, suivi d’un avis de dissolution dans la Gazette officielle du Québec en 1973 pour cette Société coopérative, qui existera pendant une trentaine d’années en même temps que La Fraternité.

Magasin coopératif de Caplan, nommé La Fraternité, en 1947. Source : Omer Beaudoin, BAnQ.
Coopérative La Fraternité de Caplan (1940-aujourd’hui)
La Coopérative La Fraternité de Caplan gèrera de nombreux établissements au cours de son existence, dont une linerie, une meunerie et un magasin coopératif.
La Fraternité se forme en 1940 avec l’établissement de sa coopérative de consommation à Caplan (La terre de chez nous, 1er septembre 1954). En 1941, elle ouvre son magasin à Saint-Alphonse, ainsi qu’un poste de classification des œufs. Il est possible qu’il s’agisse du premier magasin coopératif de la Baie-des-Chaleurs. Dans tous les cas, il emboîte le pas à une série d’autres magasins.
En 1946, la Coopérative fait pression sur le gouvernement pour obtenir un entrepôt frigorifique (Le progrès du Golfe, 26 juillet 1946). Une annonce est ainsi faite en juillet de cette année-là par Camille E. Pouliot, ministre des Pêcheries du Québec, annonçant la construction imminente d’un tel entrepôt.
En 1949, la Coopérative construit sa meunerie coopérative, et dans les années 1950, un petit abattoir. Elle fait également le commerce du beurre et des petits fruits (La terre de chez nous, 1er septembre 1954). Pour ce qui est de la conservation de la viande, « La Fraternité loue une salle et de l’espace dans l’entrepôt frigorifique construit à proximité de son terrain par le ministère provincial des Pêcheries. Il est intéressant de noter ici que cet entrepôt contient 6 chambres de congélation à 0 degrés Fahrenheit et une chambre de refroidissement. (…) À part cela, il loge 317 casiers frigorifiques de 5, 10 ou 15 pieds cubes. (…) Les usagers y serrent leur provision de viande » (La terre de chez nous, 1er septembre 1954). On comprend ainsi que la construction d’un nouvel entrepôt frigorifique par la Coopérative ne sera pas entreprise, et que ceux-ci louent plutôt un entrepôt frigorifique originalement construit pour subvenir aux besoins des pêches.
Dans un article du Soleil daté du 6 octobre 1949, on apprend que la coopérative de Caplan rend les services suivants: « la vente des oeufs, l’abattage et la vente des animaux, la conservation de ceux-ci par le froid, la congélation des fruits et des légumes, la préparation des moulées alimentaires et leur distribution chez les membres, l’exploitation d’une linerie sont les principales activités de cette coopérative. Les services d’un technicien agricole sont retenus et payés par la coopérative pour le bénéfice de ses membres. M. Nazaire Champagne, qui exerce cette fonction, a orienté la production de façon à utiliser le mieux possible le sol et la main-d’œuvre. Des cultivateurs de plusieurs régions de la
province auraient avantage à suivre l’exemple des cultivateurs de St-Charles de Caplan, qui réalisent présentement leur relèvement économique. ».
En 1972, par avis donné dans La Gazette officielle du Québec le 12 février, la Coopérative La Fraternité change son nom en « Magasin Co-op de Caplan-Saint-Alphonse ».
En 1979, les secteurs de l’alimentation et agricoles de Caplan se distinguent en deux entités: le Magasin Co-op de Caplan-Saint-Alphonse et la Coopérative agricole Baie-des-Chaleurs (Le Droit, 15 octobre 2003).
Nous traitons de ces deux commerces un peu plus bas.
PRÉSIDENTS DE LA COOP | ANNÉES |
Léo Garant | Vers 1954 |
GÉRANTS DE LA COOP | ANNÉES |
Gérard Bernard | 1940-1951 |
Adrien Babin | 1951-Vers 1954 |
À noter qu’Adrien Babin sera également président de la Fédération gaspésienne de l’UCC de 1956 à 1979. Son fils Albéric Babin reprend la présidence dans les années 1980. (La terre de chez nous, 16 décembre 2004).

La Coop Tradition en 2024. Source: Google Maps.
La magasin Coop Caplan-Saint-Alphonse/Bonichoix/Coop Tradition
Comme nous l’avons vu, la Coopérative La Fraternité opère un magasin coopératif dès 1940, mais qui prend son indépendance en 1979. Il est alors renommé « Magasin Coop Caplan/Saint-Alphonse » et garde ce nom jusqu’au moins 2003, alors qu’elle investit dans une « toute nouvelle bâtisse qui remplace l’ancien magasin de Caplan » (Le Droit, 15 octobre 2003).
Quelques années plus tard, à un moment incertain, elle arbore la bannière de Bonichoix. Elle porte ce nom en 2007, alors qu’elle s’associe à 11 producteurs bovins de la Gaspésie pour assumer la vente d’un boeuf 100% gaspésien et élevé sans hormones dans ses deux points de vente (Le Soleil, 25 janvier 2008). Le gérant, Jean-Marc Moses, continue également de gérer celle de Saint-Alphonse. La coop continue de garder son entité légale de Magasin Coop de Coop Caplan-Saint-Alphonse encore en 2016, tout en étant sous la bannière Bonichoix (L’Écho de la Baie, 1er juin 2016). On trouve parfois son nom écrit comme « Coop Bonichoix Caplan ». La Coop Bonichoix de Caplan fête ses 75 ans en 2015.
Depuis quelques années (au moins depuis 2017), le magasin prend le nom de « Marché Coop Tradition » et est associé à la bannière Sobeys. En 2023, d’importants travaux sont effectués sur le bâtiment.

La meunerie coopérative de Caplan en 1948. Source : BAnQ.
La meunerie
L’évolution des coopératives ayant géré la meunerie de Caplan est un peu complexe (car elle fut gérée par plus qu’une entité!). Voyons un peu son histoire.
En 1923, une société coopérative agricole s’incorpore sous le nom de « Meunerie Coopérative de Caplan ». Elle a pour but « l’amélioration et le développement de l’agriculture ou de l’une ou de quelques-unes de ses branches, la fabrication du beurre ou du fromage, ou des deux, l’achat et la vente d’animaux, d’instruments d’agriculture, d’engrais commerciaux et d’autres objets utiles à la classe agricole, l’achat, la conservation, la transformation et la vente des produits agricoles. » (Gazette officielle du Québec, 31 mars 1923).
Malgré la création de cette coopérative, la meunerie semble gérée par la Coopérative Fraternité. En 1937, dans l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté de Bonaventure, on indique que Saint-Charles de Caplan possède une meunerie moderne qui produit une farine de première qualité. S’agit-il de la meunerie de Thimothée Garant? En effet, ce dernier possède bien un moulin à farine. L’inventaire dit ceci: « M. Garant et son fils travaillent seuls dans leur moulin à farine, dont la capacité journalière est estimée à 40 minots de grains. Le moulin est exploité 6 mois par an; en 1936, il a broyé 5 650 minots de grains, surtout du blé. Le blé vient des cultivateurs de toutes les municipalités environnantes. Le meunier moud à commission: 30 cents du 100 livres pour le blé, ou 10% de la mouture. Les sous-produits servent à l’alimentation des bestiaux. M. Garant nous dit que, grâce à un octroi du gouvernement, il a installé un moteur dans sa meunerie, auparavant sujette aux aléas d’une chute d’eau. Depuis que le moulin, installé de façon moderne, peut fonctionner régulièrement, la récolte de blé, si l’on en juge par la mouture, a pratiquement doublé. Ce résultat est encourageant, si l’on songe aux quantités énormes de farine importées dans tout le comté. De bons moulins encouragent les cultivateurs à augmenter leurs emblavures. Ces octrois, semble-t-il, sont beaucoup plus profitables que des octrois directs aux cultivateurs. ».
Selon un article de Radio-Canada datant du 12 janvier 2012, une partie des installations de la meunerie sont construites en 1943. En 1949, l’élévateur et une partie de la meunerie sont construits. Les cultivateurs de la paroisse y apportent leur grain pour le faire moudre. (La terre de chez nous, 1er septembre 1954).
En 1979, les secteurs de l’alimentation et agricoles se distinguent en deux entités: le Magasin Co-op de Caplan-Saint-Alphonse et la Coopérative agricole Baie-des-Chaleurs (Le Droit, 15 octobre 2003). C’est la Coopérative agricole régionale de la Baie-des-Chaleurs qui s’occupe dès lors de la meunerie.
En 1980, la meunerie de Caplan reçoit une subvention de 100 000 $ pour moderniser ses installations. Ces améliorations permettront d’augmenter la capacité de production de 3 000 à 5 000 tonnes par année (La Presse, 13 septembre 1980).
En juin 1981, un article de la revue Focus: Saguenay Lac-Saint-Jean mentionne que la meunerie de Caplan fournit « à l’ensemble des comptoirs alimentaires du réseau la farine d’un blé biologique, cultivé sur place par quelques mordus de l’agriculture écologique. ».
En 2003, la Coopérative agricole de Caplan exporte par train du grain jusqu’aux grandes villes; elle est l’une des dernières industries gaspésiennes à utiliser la voie ferrée à la suite de la fermeture de la Fonderie Gaspé (Le Soleil, 23 juillet 2003).
En 2012, la production de la meunerie de Caplan est transférée chez Purdel, au Bic (Radio-Canada, 12 janvier 2012). Le directeur général de la Coopérative agricole de la Baie-des-Chaleurs est alors Gaston Gagné. L’article annonce la fin d’une époque, car une partie des équipements est démantelée. Le meunier Régis Miousse commente avec un pincement au coeur: « c’est un mal nécessaire, c’est dommage, mais faut aller par là, c’est ça le progrès, semble-t-il ».
La coopérative fusionne avec la coopérative Purdel, du Bic, en 2015 (Coop Canada, 9 septembre 2015). Elle s’est ensuite rebaptisée « Coopérative Agrizone Unoria », et investit le secteur des quincailleries, gérant aujourd’hui le BMR.
Ils se rappellent de la meunerie
Jacinthe Lepage se souvient très bien de la moulange. « La Coopérative agricole de la Baie-des-Chaleurs, à Caplan, a cessé la fabrication de moulée pour les animaux à l’automne 2012. On disait: On va au moulin à grains. J’y suis allée souvent avec mon père qui était agriculteur, il emmenait son grain par pochée ou baril et la meunerie nous le rendait en moulée pour les animaux de la ferme. Très impressionnant, on voyait tout de A à Z. ».
Certains citoyens appelaient même la coopérative « Capiche »!

La beurrerie de Caplan en 1948. Source : BAnQ.
Deux beurreries et une fromagerie
Entre 1912 et 1937, il semble y avoir deux beurreries en fonction à Caplan. En 1937, dans l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles du comté de Bonaventure, la Caplan River Butter Co. et la Société de Beurrerie de Saint-Charles de Caplan roulent leur bosse en même temps. Leur production est également détaillée dans cet inventaire: « La première produit en moyenne 125 livres par jour durant six mois; l’an dernier, sa production de 13 000 livres a été entièrement absorbée par les consommateurs régionaux. La seconde fabrique 20 000 livres par an, dont 3 000 livres sont vendues directement aux consommateurs, 13 000 livres aux marchands de gros et le reste aux marchands détaillants de la région. Chacune de ces beurreries n’emploie qu’un homme, diplômé de l’École de Laiterie de St-Hyacinthe. ».
Le 18 août 1932, une tempête violente s’abat sur Caplan et détruit une grande quantité de beurre produit par l’une des beurreries. Un extrait: « Le ruisseau qui traverse notre village déborda et inonda les environs. Le pont près de la beurrerie fut emporté. Un autre pont près de la maison de M. Ferlatte a été aussi très endommagé. La beurrerie a été complètement inondée et une grande quantité de beurre endommagée. La ligne du chemin de fer a aussi subi des dommages considérables. Les pertes sont si considérables que l’on peut difficilement les évaluer. » (La Presse, 18 août 1932).
Société de beurrerie de Saint-Charles de Caplan
La première beurrerie à voir le jour à Caplan semble être en 1912, grâce à l’initiative du curé De Champlain, qui créé une coopérative de beurrerie (L’Action sociale, 4 juillet 1912). « À la fabrique de St. Charles de Caplan un seul homme peut fabriquer le beurre extrait de 4 000 livres de lait par jour », dit-on! Elle appartient, à ses débuts, en coopération à 70 personnes (Journal d’agriculture et d’horticulture, 15 novembre 1912).
En 1913, le beurrier Léo Cayouette (Caouette) est au 15e rang des meilleures fabricants de beurre du Québec (Journal d’agriculture et d’horticulture, 15 mai 1913).
En 1917, la beurrerie obtient le 3e prix pour la fabrication de beurre non-pasteurisé à la Coopérative des Fromagers (Le bulletin des agriculteurs, 27 juillet 1918).
Quand cette beurrerie a-t-elle fermé? Cette information reste à confirmer. Elle existe du moins jusqu’en 1937.
Caplan River Butter Co.
Également en 1912, une autre fabrique de beurre coopérative ouvre ses portes: celle de Rivière-Caplan, nommée Caplan River Butter Co. Cette fabrique de beurre appartiendrait, à ses débuts, à 35 cultivateurs et tient dans une bâtisse de 45 pieds x 26 pieds (Journal d’agriculture et d’horticulture, 15 novembre 1912).
Quand cette beurrerie a-t-elle fermé? La date est inconnue. Celle-ci, comme celle de Saint-Charles, existe toujours en 1937, mais nous perdons sa trace par la suite.
Coopérative agricole de beurrerie
Une nouvelle coopérative de beurrerie émerge à un moment inconnu. La Coopérative agricole de beurrerie de Caplan produit, en 1951, plus de 105 000 livres de beurre (Le Bulletin des agriculteurs, novembre 1951). Elle est décrite dans l’Action catholique comme « florissante ». (L’Action catholique, 19 août 1951).
Dans le Répertoire des manufactures de la province de Québec, en 1962, la « Coop agricole de Beurrerie » apparaît. Elle est toujours présente dans ce répertoire en 1964.
Dans le plan de développement du BAEQ de 1966, la beurrerie de Caplan a fait un chiffre d’affaires de 94 000 $.
D’après Wikipédia, la Beurrerie de Caplan fusionne avec la Fabrique de Beurre de Bonaventure en 1968.
Selon Diane Robichaud, « La beurrerie de Caplan appartenait à mon oncle Magella Robichaud, et a été transformée en appartement sur la rue de la gare par Alvarez Bernard ».

Cette maison était-elle celle de la laiterie d'Albéric Babin? Selon Paulette Cyr, elle était située jadis à l’est en arrière de l’hôtel Manoir Saint-Charles de Caplan. Laissée à l’abandon au moment de la photo, elle fut jadis une superbe demeure qui appartenait à la famille de Joseph Gordon Cyr. Au début des années 1930, son fils aîné Arthur, comptable à la Banque Molson de Rivière-du-Loup l’avait achetée pour ses parents du Dr. Alvarez St-Laurent. La famille Cyr a continué à y vivre jusqu’en 1948 alors vendue à M. Iréné Poirier, acquise par la suite par M. Lucien Santerre et finalement par le dernier propriétaire M. Albéric Babin qui l’a fait démolir à cause de sa grande détérioration.
Une laiterie
En plus de fermes de citoyens, il semble y avoir eu une laiterie à Caplan. Le laitier était Albéric Babin. Sa femme Jeanne, à 6h du matin, se rendait à la laiterie pour remplir les bouteilles de lait et Albéric allait les porter aux citoyens. Un citoyen se souvient: « À la fin de l’hiver, Albéric remplissait de neige le haut de la laiterie pour conserver le lait frais durant l’été, comme chambre froide. ».
Et la fromagerie?
Dans le journal La Tribune du 18 juillet 1899, on apprend l’ouverture d’une fromagerie à Saint-Charles de Caplan. Une fromagerie semble également ouvert ses portes en 1901; cela doit être la même que celle de 1899 (Journal d’agriculture et d’horticulture, 15 novembre 1912).

Un des moulins des Garant. S'agit-il du moulin à farine? Source : inconnue.
Le moulin à farine
Caplan jouit d’une longue tradition de meunerie.
Selon Kim Harrison dans son article « Les pionniers britanniques de New Richmond », Azariah Pritchard aurait eu un moulin sur la rivière Caplan au 19e siècle.
Dans le recensement de 1861, Peter Dubois est « miller » (meunier).
Dans le recensement de 1881, Thomas Colville est meunier. Il semble toujours l’être dans les bottins de la Mercantile Agency de 1897.
Vers 1914, le propagandiste de la colonisation Alfred Pellan, recopiant des notes de l’abbé De Champlain, mentionne qu’il y a eu 2 moulins à farine à Caplan (Vastes champs offerts à la colonisation et à l’industrie : la Gaspésie : esquisse historique, ses ressources, ses progrès et son avenir, 1914).
En 1937, dans l’Inventaire des ressources naturelles et industrielles, Thimothée Garant a un moulin à farine à Saint-Charles-de-Caplan. En 1936, il y a produit 5 650 minots, le moulin le plus prolifique de la région! Thimothée travaille avec son fils. Le moulin est ouvert 6 mois par année. Le blé vient des cultivateurs des villages environnants.

Biographie d'Adrien Babin dans un ouvrage inconnu.