Mouvements de population

Démographie et population

À l’instar d’autres villages gaspésiens, Caplan est une véritable mosaïque de cultures et d’individus venus trouver refuge sur les berges de la magnifique Baie-des-Chaleurs.

 

Grands-parents de Josette Gélinas et leurs enfants en 1899. Source: Josette Gélinas.

Les Mi’gmaq

 

À la question « D’où vient le nom Caplan? », plusieurs hypothèses sont généralement soulevées. Le nom serait peut-être attribuable au petit poisson qui roule sur les plages gaspésiennes aux mois de mai et juin portant le rôle de capelan; ou alors, on le doit à une confusion avec les caps Noirs (ou Black Capes, en anglais), et le nom serait alors Cape Lands, ce que l’on voit effectivement dans des certains documents, comme lors de la création de la paroisse en 1867); ou enfin, le nom serait peut-être issu d’un homme mi’gmaq du nom de John Caplan qui camperait régulièrement aux abords de la rivière.

 

Dans tous les cas, bien qu’on ne puisse établir l’origine du nom, on peut bien établir l’origine du premier peuple de Caplan. Les Mi’gmaq, présents depuis 9 000 ans dans la région gaspésienne, et ayant pour ancêtres les Planos, ont donné de nombreux toponymes à notre localité:

Esitg

Gaplanewei Sipu

Gaplanji'jg

Guntew Gaqapitg

Selon la Commission de toponomie du Québec, Esitg ou Esitig voudrait dire « situé à l’arrière, non sur le devant » ou « lieu pour se reposer », d’après l’expression Esiteg. Ce nom désignerait la rivière Caplan.

 

Ce nom désigne également la rivière Caplan. Il signifie littéralement « Rivière Caplan », désignant probablement le nom de famille Caplan.

Gaplanji’jg ou Gaplantjitjg désigne la municipalité de Caplan. Ce nom signifierait « petit poisson » ou « poisson ».

Ce nom désignerait le ruisseau Leblanc et signifierait « ruisseau de la roche en surplomb ».

La rivière Jean Caplan

 

Même si le territoire de Caplan fait partie du territoire ancestral des Mi’gmaq, les traces écrites des membres de cette Première Nation ayant habité à Caplan sont assez minimes. Il y a bien Jean Caplan, qui semble avoir donné son nom complet à la localité (autrefois désignée par son cours d’eau). Mais lequel? Nombreux sont les Jean Caplan ayant existé!

 

On voit la mention du hameau de « Rivière Jean Caplan » dans plusieurs archives du début du 19e siècle, corroborant aussi l’origine du nom de notre village. En effet, plusieurs sources l’attestent:

 

  • dans les journaux de Charles-F. Painchaud datés de 1814, « beau temps à venir à la rivière de Jean Caplan »;
  • dans un acte de baptême de 1826 pour la jeune Esther Bourdages, on peut voir que son père Frédérick Bordage est « cultivateur à la rivière Jean Caplan »; l’acte figure dans les registres de Carleton;
  • le 19 juillet 1829, le petit Sylvestre Ouellet est baptisé; il est le fils de Germain Ouellet, « cultivateur à la rivière à Jean Caplan », et d’une dénommée Sophie (nom de famille illisible). L’acte figure dans les registres de Carleton;
  • En 1854, dans un acte de transaction foncière signé par le notaire LeBel, il est indiqué que François Garant a un « moulin situé sur la rivière Jean Caplan »;
  • Sur le site web de la municipalité de Caplan, il est mentionné que dans les documents de la construction d’un moulin  » de la chapelle à la Rivière-Caplan en 1866, on parle de M. François Garant, « meunier de la rivière Jean Caplan ».

 

À la question « de quel Jean Caplan s’agit-il? », la réponse demeure incertaine. Les registres de Saint-Charles de Caplan 1867-1974 soutiennent que ce Jean Caplan serait décédé en 1824 à l’âge de 80 ans, mais cette information ne peut être affirmée hors de tout doute.

 

Quant aux Mi’gmaq ayant habité à Caplan, ceux-ci ne sont pas nombreux dans les registres paroissiaux ou civils. Un dénommé Charles Joseph Argumond serait né à Gaspé en 1882 des parents Joseph Argumond et Élizabeth Bujold de Saint-Charles de Caplan. Un an plus tard, un individu portant le même nom décède à Gaspé en 1883. Est-ce le même? Dur à dire, car l’acte mentionne seulement qu’il est le « son of Arguimond » de Caplan.

Une légende loufoque

 

Dans la Commission de toponymie du Québec, la mention suivante est évoquée:

 

Les Caplinots narrent encore volontiers un fait célèbre qui a eu en réalité la Basse-Côte-Nord pour décor : le sieur de Roberval aurait, en 1542, abandonné dans les environs de Caplan sa nièce Marguerite et son amant ou encore sa vieille dame de compagnie, selon une autre version, pour une affaire de morale avec laquelle on ne badinait pas en ces temps. Son soupirant l’aurait rejointe, puis serait mort ainsi que la vieille dame. Informés de la présence de la jeune femme, les occupants d’un bateau seraient venus la recueillir ultérieurement. Marguerite de Navarre (1492-1549), qui a connu les faits de Roberval lui-même, a relaté cette histoire dans son Heptaméron, ouvrage inachevé publié en 1559.

 

Mais une lecture de ce recueil de nouvelles ne donne aucune indication qu’il s’agit bel et bien de Caplan! Tout de même, il s’agit d’une histoire pour le moins ludique.

 

Les premiers résidants permanents

 

Qui sont les premiers résidants permanents de Caplan? Outre les Mi’gmaq, les premiers habitants de Caplan seraient des colons en provenance de Bonaventure, en 1812, selon Alfred Pelland. Il s’agirait de trois frères Babin: Pierre, 16 ans; Ambroise, 14 ans; et Jean-Timoléon Babin, 11 ans. Selon le site web de la municipalité de Caplan, Pierre s’installe à l’est de la rivière, et Jean et Ambroise, à l’Ouest.

 

Si la date de 1812 est difficile à confirmer, nous savons néanmoins que Pierre Bourdages obtient des terres près de la rivière Caplan en 1820 selon le Gaspé Land Board.

 

En 1826, comme nous le signalions plus haut, une jeune Esther Bourdages nait à la rivière Jean Caplan. La famille s’est y vraisemblablement installée autour de cette date. Plus haut, nous avons également inscrit le baptême de Sylvestre Ouellet en 1829.

 

En 1914, selon l’ouvrage d’Alfred Pellan Vastes champs offerts à la colonisation et à l’industrie : La Gaspésie : esquisse historique, ses ressources, ses progrès et son avenir, il y a 230 familles acadiennes à Caplan.

Alain

Arsenault

Bigaouette

Bernard

Bourque

Bujold

Les Canadiens français

 

Selon le site web de la municipalité de Caplan, en 1812, deux Canadiens français, Germain Ouellet et Jacques Brière, de Cap Santé, s’installent à Caplan. Selon Alfred Pelland, en 1914, il y a 34 familles de Canadiens français à Caplan.

 

 

Les Écossais

 

De nombreux Écossais s’installeront à Caplan. Notons entre autres Eubulus McLellan, marchand général de Caplan et petit-fils de John McLellan, né en Écosse; David Kerr, propriétaire du premier magasin général de Caplan et dont le père Archibald venait d’Écosse aussi; ainsi que le maître de poste de Caplan en xxx, John Howie. Dans les Vastes champs de 1914, on souligne qu’il y a à Caplan 12 familles d’Écossais.

 

Dans le recensement de 1881, sont Écossais:

  • la famille d’Alexandre Jamieson,
  • les Campbell, cultivateurs,
  • la famille de Hugh Ross, aussi cultivatrice;
  • la famille d’Alexandre McLaren;
  • la rentière Agnès Barbour,
  • la famille Colville, cultivateurs,
  • la famille de Hugh Watt,
  • la famille de James Gillis.

 

Les Anglais

 

En 1914, selon Alfred Pelland, il y aurait eu 8 familles d’Anglais à Caplan. Dans son ouvrage Vastes champs, il dit que l’un des premiers colons de Saint-Charles de Caplan « fut un anglais catholique du nom de Nelson. Il fit ses premiers défrichements à l’endroit où se trouve aujourd’hui le moulin de M. Joseph Garant ».

 

Dans le recensement de 1881, Isaac Boundton (probablement Bunton) et sa famille sont des cultivateurs à Caplan.

Les Irlandais

 

Bien avant l’époque de la Grande Famine (1845-1849), plusieurs familles irlandaises arrivent au pays. De nombreux Irlandais se joignent à la population de la MRC Bonaventure avec l’appui de la religion catholique. D’autres viennent travailler pour les Robin, particulièrement à Percé. L’article La Gaspésie british mentionne qu’ils s’installent particulièrement à Cascapédia, New Richmond, Caplan et certains à Bonaventure.

 

En 1914, selon Alfred Pellan, il y a 17 familles irlandaises à Caplan. Quelques unes de ces familles sont les Gallagher, Hough, Smith, Appleby et Quessy (Caissy).

Appleby?

Cavanagh

Quand se seraient établis les premiers habitants?

 

Les registres paroissiaux

 

Il est parfois difficile de retracer les habitants de Caplan pour plusieurs raisons. D’abord, les  premiers recensements nominatifs débutent en 1851. Il est ainsi difficile de retracer les habitants s’étant établis à Caplan avant cette date. Il faut se tourner vers les registres paroissiaux. Pour Saint-Charles de Caplan, ceux-ci débutent officiellement en 1867. Avant cette date, il faut chercher du côté des registres de Bonaventure, qui ouvrent en 1791, et ceux des Saint-Anges-Gardiens de Cascapédiac, qui ouvrent en 1831. En ce qui a trait à la mention de citoyens de Caplan dans les registres paroissiaux des autres missions, nous ne pouvons reculer jusqu’à présent en deçà de 1826.

 

En ce qui a trait à l’ouverture des registres de la mission de Saint-Charles de Caplan, notons que le missionnaire F. X. Bossé la présente comme « Saint-Charles de Cape Land » à son inauguration en 1867. Le premier acte est un mariage, le 5 février 1867, entre Sylvestre Bujold (dont les parents viennent de « cette mission ») et Marie Rose Bernard (dont les parents viennent de Saint-Bonaventure).

 

Quelques premiers couples inscrits dans les registres de 1867 et provenant « de cette mission »:

  • Xavier Bujold et Angèle Bernard (dans l’acte de mariage de leur fils Sylvestre)
  • Théodore Babin et Marie Poirier (dans l’acte de baptême de leur fils George)
  • Esther Bourdages et Alexandre D’Essiambre (dans l’acte de baptême de leur fille Marie Victoire)
  • François Dion et Marie Salomé Poirier (dans l’acte de baptême de leur fils François Uldéric);
  • etc.

Les recensements

 

Plusieurs recensements nominatifs existent pour le comté de Bonaventure, à commencer par le recensement de Ristigouche en 1760, puis celui des familles acadiennes réfugiées dans la Baie-des-Chaleurs en 1761, et le recensement de la Baie-des-Chaleurs de 1765. En avançant dans le siècle, il y a le recensement du comté de Bonaventure de 1774, puis celui de 1777. Comme il est à peu près certain que les citoyens recensés n’habitent pas directement Caplan, nous n’aborderons pas ici ces recensements.

 

Cependant, soulignons que les habitants sont présentés dans les recensements subséquents font partie des ancêtres des citoyens de Caplan, tantôt inclus dans le territoire de New Richmond, et tantôt dans celui de Bonaventure. Un premier recensement nominatif effectué en 1825 nous présente des habitants de New Richmond et de Bonaventure. Bien qu’il soit difficile de statuer sur l’étendue de l’un et de l’autre des territoires, soulignons que des futurs noms de famille de Caplan se trouvent bel et bien dans ces deux localités. À Bonaventure, des Cavanagh, Bujold, Arsenault, Bernard, Lepage, Gauthier, Bourdages, Cayouette, Furlotte, Forest, Poirier, Babin. Et à New Richmond, d’autres Cavanagh, Leblanc, Sire (Cyr), et… un Joseph Brière!

 

Il y a bien un recensement en 1831 qui présente les habitants de Bonaventure à Pointe aux Maquereaux, et de Restigouche à Carleton et New Richmond. Comme il n’y a pas de distinctions entre les villages, et que Caplan se trouve enchâssée entre New Richmond et Bonaventure, il est difficile de savoir si certains des noms présents dans le recensement habitent bel et bien à Caplan. De plus, pour compliquer davantage les choses, il y a plusieurs Babin dans les deux sous-divisions, et plusieurs Pierre et Jean! En bref, nous ne pouvons utiliser ce recensement pour savoir si des gens habitaient à Caplan en 1831.

 

Dans le recensement de 1861, les futurs citoyens de Caplan se retrouvent dans la division de Bonaventure, Township de New Richmond, District no. 1, p. 198. On y voit le nom de François Garant en toute première page, ce qui dissipe toute ambiguïté sur l’endroit (car nous savons que Caplan se trouve à la juxtaposition de deux cantons, celui d’Hamilton et de New Richmond). Les grandes familles qui s’y trouvent sont les Poirier, Arsenault, Garant, Bujold, Babin, Bourdages, Ferlatte, Leblanc, Loubert, Brière, Forest, Jamieson, Gallagher, Kerr, Campbell, Querry, Sire (Cyr), Steele, etc. Le district présente aussi certains noms présents aux Caps Noirs: McRae, Campbell, McColm, Howatson, Fairservice, etc. La frontière entre Caplan et New Richmond est ici assez poreuse.

 

Dans le recensement de 1871, les habitants de Caplan sont présents dans le district de Bonaventure, sous-district de New Richmond, Division 1 (le vocabulaire du recensement change un peu), p. 63. Les habitants y sont présents en quelques pages avant que ceux-ci laissent place à ceux des Caps Noirs.

 

Le recensement de 1881 est le premier qui présente d’une manière claire les habitants de Saint-Charles de Caplan, qui incarne alors son sous-district propre sous le district de Bonaventure. Idem pour 1891 et 1901.

 

Pour le recensement de 1911, Caplan figure dans le subdistrict 32 de Hamilton, « St. Ch. Caplan » et 33, « St. Ch. Caplin. West Hamilton ». Il est possible que certains résidants figurent aussi dans la section « Hamilton West » et « Black Cape ».

 

Pour le recensement de 1921, les habitants de Caplan figurent dans les sous-districts 18 et 19, « Saint-Charles de Caplan Est » et « Saint-Charles de Caplan Ouest ».

 

Pour le dernier recensement, celui de 1931, les résidants figurent dans les sous-districts 25 et 26, « Saint-Charles de Caplan ».

 

 

1820, une certitude

 

En consultant différents actes de baptêmes, de mariages et de sépultures, on peut affirmer sans trop de difficultés que des habitants se sont établis à Caplan dès 1820: les frères Babin et la famille de Jacques Bruyère, ce dernier acquérant une terre la même année.

L’exode en ville

 

Selon Alfred Pellan, en 1937, on souligne que 125 personnes ont quitté le village pour aller travailler en ville!